JEAN-JACQUES THOMAS : « L’INDOCHINE DE DIEN BIEN PHU ÉTAIT LE VIETNAM DU LENDEMAIN ».

Après la commémoration de la capitulation nazie et avant l’évocation de l’Appel du 18 juin, vendredi en fin de journée, la cérémonie d’hommage aux morts pour la France en Indochine fut l’occasion pour le Maire d’Hirson d’évoquer « une guerre oubliée, débutée au lendemain de la cruelle occupation japonaise, et de ces combattants abandonnés auxquels pourtant appartiennent Serge Keiser et Robert Ruton ».

« En nous réunissant, ajouta-t-il, nous ne faisons donc que réparer l’oubli d’une France parfois amnésique pour laquelle seule compte la victoire, seule importe les batailles gagnées ». En revenant sur les réactions en Métropole au lendemain d’une Seconde guerre mondiale que les Français veulent oublier et encore moins revivre, Jean-Jacques Thomas rappela l’engagement en Indochine d’abord de 115 000 puis, en 1954, de 177 000 hommes du Corps expéditionnaire « face à des soldats qui, chaque jour de plus en plus nombreux, se battent pour leur indépendance ». D’ajouter : « Ils se sacrifient sur leurs terres où, quelques années plus tard, s’enliseront, eux aussi, les GI’s américains. L’Indochine n’était finalement que le Vietnam du lendemain ».

Du reste, en 1966, lors d’un voyage à Phnom Penh, le Général De Gaulle confirma  l'absence d'issue aux combats et la nécessité de régler le conflit par la voie politique et, donc, par le retrait des forces américaines. « Il n'y a, dit-il, aucune chance pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu de l'autre rive du Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes ».

Après avoir fleuri le monument en compagnie de Marcel Patris et d’Annick Poulet, l’élu insista sur la provocation qui, selon lui, le 23 novembre 1946 avec le bombardement d'Haïphong et ses 6 000 victimes civiles, empêcha la poursuite des négociations engagées quelques semaines plus tôt entre Ho Chi Minh et le Gouvernement provisoire français présidé par Georges Bidault. « Face au Front d’indépendance et à la montée du nationalisme, estima donc Jean-Jacques Thomas, Dien Bien Phu était donc inscrit dans l’Histoire avant même que ne débute la bataille la plus longue et la plus meurtrière de l’après Seconde guerre mondiale ». 

Elle causera la mort de 2 293 soldats français et de 10 000 Vietnamiens. Sur les 11 721 prisonniers de l’Union française, seuls 3 290 furent rendus à la France.  « Au-delà des causes d’un conflit qui aurait pu être évité, au nom de l’Histoire, conclut le Maire d’Hirson, il importe de rappeler leurs souffrances et leurs sacrifices. Il importe de rappeler le sentiment d’abandon ressenti par les troupes assiégées et de réaffirmer, devant ce monument, que la paix demeure un bien précieux qu’il combien de préserver. Mieux que quiconque, les combattants d’Indochine peuvent aujourd’hui en témoigner ».