DANS UN FESTIVAL EN FUSION, LES SOUL MEN SONT (AUSSI) D’ÉTONNANTS SHOW MEN.

La salle s’est d’abord levée. Non seulement, elle ne s’est plus assise, mais elle s’est massée au pied du podium après que Vigon, Erick Bamy et Jay soient descendus à sa rencontre pour interpréter « When a man loves a woman », l’indémodable standard de Percy Sledge. Rarement, le Festival hirsonnais n’avait vécu semblable fusion. Dès les premiers accords de clavier, le non moins célèbre « What I’d say », de Ray Charles, n’a pas calmé les ardeurs, mais augmenté la température avec les traditionnels « Huh, ho, heun, awh » repris en chœur.

Qui plus est, l’émotion palpable du trio a touché les spectateurs. Certes, Vigon, découvert dans les années 60, et Bamy, l’ancien choriste de Johnny Hallyday, ont déjà assuré les premières parties des plus grands : Otis Redding, Stevie Wonder, Ray Charles ou les Stones.

Cependant, après tant d’années, retrouver la chaleur et le bonheur de la scène ne s’explique pas. « Vous nous avez déjà fait un merveilleux cadeau, se contentèrent-ils de dire à Hirson, nous nous avez offert un disque d’or, puis un disque de platine ». Ce bonheur retrouvé, les « Soul men » n’eurent d’ailleurs aucun mal à le partager. Avec leurs musiciens, ils demeurent, en effet, d’étonnants « show men ».

Il est vrai qu’appeler sur scène les « Jackson five » (I’ll be there), Otis Redding (Sitting on the dock of the bay », Nicoletta et Ray Charles (Il est mort le soleil) ou encore Al green (Let’s stay together) facilitent les choses. Alors lorsque les trois hommes entament « Feelings », cette composition oubliée de Dario Moréno, reprise par Mike Brant, le public en redemande déjà. Les crooners entrent alors en confidences, en solo, avec « Harlem shuffle », « Ain’t no sunshine » et « Les moulins de mon cœur ». Comme une pierre que l’on jette dans l’eau vive d’un ruisseau, les paroles de Michel Legrand ont multiplié les ricochets dans les mémoires jusqu’à retrouver le « Long train running », des Doobie brothers, et « Move on up », de Curtis Mayfied.

Quoi d’étonnant dans ces conditions que le Festival en oublie les chaises pour s’élancer sur la piste. L’envie est trop forte. Un peu comme le plaisir de retrouver des accords et des paroles oubliés, de s’abandonner à une musique que l’on retrouve, comme certains amis, avec un immense plaisir.