SOUVENIR DE MAI 40 : LE RAPPEL DES FAITS ET DES RESPONSABILITÉS.

En réponse à l’invasion de la Pologne, le Gouvernement annonce la mobilisation générale. Plus de 4,5 millions d’hommes sont appelés à prendre les armes. Cependant, alors l’armée française attend depuis huit mois derrière la ligne Maginot, le 10 mai 1940, l’offensive allemande est déclenchée. Trois jours plus tard, les panzers de la Wehrmacht enfonce les lignes française. A Saint-Michel, au carrefour de l’Etoile, vingt-quatre soldats vont trouver la mort. Chaque année, à l’initiative de l’association de mai 40 présidée par Jacques Raguet une commémoration rappelle les faits.

Des faits que Jean-Jacques Thomas a souhaité remettre dans le contexte de l’époque au travers des analyses de Marc Bloch et du Général De Gaulle. Historien et Résistant liquidé par la Gestapo, le premier eut le temps de porter un regard objectif sur ce qu’il a qualifié d’étrange défaite.

« Nos chefs, constate-t-il, dès 1940, dans un manuscrit enterré puis publié à la Libération, au milieu de beaucoup de contradictions, ont prétendu, avant tout, renouveler la guerre de 1915 – 1918 alors que les Allemands faisaient celle de 1940 ».

Alors que la défaite n’avait jamais été profondément remise en cause, Marc Bloch dénonce également « l’aigreur d’une bourgeoisie qui ne s’est jamais remise du Front populaire ». Un constat, du reste, sur le fond partagé par Charles De Gaulle dans ses « Mémoires de guerre », lui qui n’hésite pas à pointer la responsabilité des Gamelin, Weygand et Pétain, dix-sept étoiles à eux trois, brillant au-dessus d’une ligne Maginot mur d’ignorance et d’erreurs dont chacun mesura, du reste, l’inefficacité.

« Faut-il rappeler, insista Jean-Jacques Thomas, qu’en 1935, le général Weygand, l’un des inspirateurs du Régime de Vichy, préconisait l’achat de chevaux de selle ! Face aux blindés d’une Allemagne réarmée, la proposition semble irréelle. Et pourtant ! ». D’ajouter : « Oui, les soldats du carrefour de l’Etoile furent certes victimes de l’ennemi, mais également d’une certaine faillite intellectuelle et militaire, victimes du fameux dogme de la guerre défensive, d’une certaine pensée militaire et d’une certaine idée de la France, encline, pour certains de ses responsables, à préférer Hitler au Front populaire ».