JEAN-JACQUES THOMAS : « EN PLUS DE LA RIVIÈRE, L’INTARISSABLE FLEUVE DE SANG ».
« Adieu la vie, adieu l’amour. Adieu toutes les femmes. C’est bien fini, c’est pour toujours de cette guerre infâme. C’est à Craonne, sur le Plateau, qu’on doit laisser sa peau. Car nous sommes tous condamnés. Nous sommes les sacrifiés ».
En reprenant devant le monument aux morts la chanson de Craonne, Jean-Jacques Thomas est revenue sur l’offensive française lancée le 16 avril 1917 « à une soixantaine de kilomètres d’ici » précisa-t-il. Elle devait mettre fin à la guerre en quarante-huit heures.
« Dans un amas de corps déchiquetés, ajouta-t-il, dans la boue et le sang, elle aboutira, en quelques jours, à la mort de plus de 100 000 hommes. Ce sont les sacrifiés de la percée du Général Nivelle. Une offensive, à l’avance, condamnée à l’échec face à une défense ennemie renforcée dans ce qui constitue une véritable forteresse sur laquelle se fracassent sans succès les trop faibles moyens français. Jamais sans doute, la terrible expression « chair à canon » ne fut aussi tragiquement illustrée ».
Voici un siècle, l’Aisne concentre les fratricides affrontements entre Européens avant de s’étendre aux autres continents, mais, rappela encore le Maire d’Hirson, « c’est ici, dans l’Aisne, qu’en plus de la rivière coule l’intarissable flot de sang ! ». Cent ans plus tard, repue, la terre régurgite encore les restes de ces anonymes héros. En cette année 1917, le Chemin des Dames ne mène pas à la paix.