HAUDROY : LÀ OÙ TRIOMPHA LA TÉNACITÉ DU POILU, LA MÉMOIRE A TOUJOURS BESOIN D’ÊTRE ÉCLAIRÉE.
Sur le granit, la phrase marque à jamais l’Histoire. « Ici triompha la ténacité du poilu ». Toutefois le monument devant lequel les autorités se sont une nouvelle fois recueillies n’est plus celui qui fut inauguré le 8 novembre 1925. En 1940, les troupes allemandes dynamite, en effet, la stèle pour effacer les traces de la défaite. L’actuelle pierre commémorative ne fut donc reconstruite que trois ans après la capitulation nazie.
Quatre-vingt-douze ans, jour pour jour, après que le caporal Pierre Sellier ait sonné « halte-là ! - cessez-le-feu ! », en présence d’un détachement du le 1er Régiment d'Artillerie de Marine et d’une délégation belge de Momignies, les autorités axonaises en ont appelé au souvenir pour évoquer les faits énoncés par quatre écoliers.
Notamment le 7 novembre 1918, à 20h20, lorsque les émissaires allemands arrivent aux avant-postes de la 166e division d'infanterie et, après un passage par la Villa Pasque, quittent la Thiérache pour Tergnier puis Compiègne et le wagon de Rethondes.
Pour Jean-Jacques Thomas, « après 1 500 jours de guerre, ces quelques notes reprises hier en écho, furent le prélude, à l’armistice signé quatre jours plus tard, un hymne à la paix, enfin retrouvée, après que chaque camp soit entré en guerre dans l’exaltation patriotique ». L’enthousiasme guerrier a, en effet, empli l’été 1914, mais, après l’illusion, la naïveté, le patriotisme, l’idéalisme, le réveil fut terrible.
La guerre s’installe dans la violence des tranchées et dans la sauvagerie de l’artillerie. « Nivelle promet la victoire, rappelle Jean-Jacques Thomas, ses soldats découvrent la boue et le sang. Le Chemin des Dames est un massacre. 117 000 hommes y périssent.
En présence de plus de quatre-vingts porte-drapeaux, l’élu mit l’accent sur le contexte particulier des zones frontières « où la haine de l’envahisseur eut le temps de s’incruster au plus profond de notre mémoire collective. Ici comme ailleurs, ce n’est rien moins qu’une autre « guerre de cent ans » qui débuta vers 1860 et qui entraîna les tragédies de 1870-1871, de 1914-1918 puis de 1939-1945 ».
Au final, la « Grande Guerre » laissera de terribles cicatrices, individuelles et collectives, avec plus de 18 millions de morts et un armistice qui porte déjà en lui les ferments de la seconde guerre mondiale. Aussi, « face à la banalisation des mots et des maux, la mémoire a, plus que jamais, besoin d’être éclairée sur les causes de cette guerre totale, sur les traumatismes qui préfigurent et qui engendreront les tragédies du XXe siècle ».
Aussi, avant le défilé jusqu’à la halle capelloise, le Maire d’Hirson proposa à l’auditoire de « partager une histoire commune », sans oublier « ces soldats qui ont tant rêvé à ce cessez-le-feu pour la première fois sonné en Thiérache ». De conclure « aux faces à faces meurtriers d’il y a quatre-vingt-douze ans, préférons toujours les têtes à têtes, porteurs d’espoir pour l’avenir et pour l’humanité ».