A EFFRY, LA MÉMOIRE RETROUVÉE DE CES SOLDATS INCONNUS, DE CES MORTS OUBLIÉS.
En écho à Jean-Claude Molinaro venu rendre un vibrant hommage aux soldats inconnus et oubliés de la Première guerre mondiale, Jean-Jacques Thomas évoqua devant le monument aux morts la mémoire de Lazare Ponticelli, qui, comme des millions d’autres, aurait dû, lui aussi, être un soldat inconnu alors que, trop longtemps, il resta un soldat incompris.
Lui, l’immigré italien, enfant d’Emilie Romagne, petit ramoneur, contraint de quitter son Italie natale pour survivre, engagé dans la Légion étrangère en mentant sur son âge pour, finalement, avoir le droit, en France, de vivre l’enfer. Lui qui refusait tout hommage particulier expliquant « que, pour les autres, on n’avait rien fait pour eux ».
A Effry, sur la pierre figure encore la photographie des soldats tombés. Jean-Claude Molinaro a souhaité aller plus loin.
« Ce qui m’a frappé explique-t-il, c’est que pour cinq de ces soldats, c’est un jugement déclaratif qui constata le décès en 1920 et 1921. Ces soldats ont été déclarés décédés en 1914, 1915 et 1916 avec cette formule laconique « tué au combat », ou « disparu au combat » ou encore « tué à l’ennemi ».
« Que s’est-il passé, s’interroge encore le Maire d’Effry, entre la date de leur décès et la date de l’acte qui le constatait ? Dans l’intervalle, qu atre, cinq, six, voire sept ans se sont écoulés. Ces hommes avaient une famille, une femme, une fiancée, des parents, des enfants, des amis. Combien d’heures de doute, des moments d’espoir et surtout cette attente, cette souffrance liée à l’absence, à l’impuissance née du sentiment de ne pas savoir ! ».