SUR UN PAQUET DE CIGARETTES DÉCHIRÉ : « CONFIANCE. BAISERS ».
En ce 1er septembre 1944, le dernier train part de Loos-les-Lille. Le convoi est composé de wagons à bestiaux, mais ils sont tous emplis d’êtres humains. De l’une de ces cages roulantes, par l’interstice ouvert entre deux planches, un papier soigneusement plié s’envole. C’est un morceau déchiré d’un paquet de cigarettes sur lequel est griffonné au crayon : « Madame Wallez – Pont à Marcq – Mari déporté – Confiance – Baisers ». Ce papier, passé et usé, finalement retrouvé sur le ballast est, pourtant, remis à sa destinataire. Il fait aujourd’hui partie de la collection du musée Alfred-Desmasures, d’Hirson.
Il y brille de toute sa simplicité, posé à côté de l’éclatante étoile de la Légion d’honneur, dont le ruban rouge n’efface pourtant pas toute la force de ce fragile message porteur d’espoir. Dans la même vitrine, une veste grise, fait d’un drap grossier rayé verticalement de lignes bleues. Sur le haut de la poitrine un signe distinctif atteste de son origine. Ce matricule comporte, après la lettre « F » comme Français, un triangle rouge dont la pointe, orientée vers le bas, qualifie le prisonnier politique avec un numéro indélébile : « 97 911 ». Lorsqu’il rentre du camp de concentration, Adolphe Wallez ne pèse plus que 45 Kg contre 80 Kg à son départ. Lui, cependant, reviendra du néant.
« POUR QUE LES ENFANTS SACHENT QUI VOUS ÉTIEZ »