FERRÉ, ARAGON ET ADOLPHE WALLEZ : « LES FOURS CRÉMATOIRES NE SERONT JAMAIS UN DÉTAIL DE L'HISTOIRE ».
Avant que Léo Ferré n’éclaire cette affiche qui « semblait une tache de sang » et ne ressuscite ces autres sacrifiés qui « n'avez réclamé la gloire ni les larmes, ni l'orgue, ni la prière aux agonisants », confinement oblige, Jean-Jacques Thomas s’est présenté seul devant une tenue rayée. Devant le monument ensoleillé et le costume rayé, « l’ombre, dit-il ému, s’est faite humaine, aujourd’hui, c’est l’été. Je suis avec vous Adolphe Wallez pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez ». Il en appela également à Aragon au milieu de ces fantômes décharnés entassés derrières les barbelés : « Je suis seul pourtant vous êtes tous là. Vous, les millions de sacrifiés, vous dont la chair était tendre à leurs chiens policiers ».
Seul mais, sans doute, jamais Adolphe Wallez ne lui fut jamais aussi proche, lui, le Résistant, embarqué de force le 1er septembre 1944 dans un wagon à bestiaux. Lui qui « se croyait un homme et ne sera plus qu’un nombre », sans doute, étonné comme ses camarades de souffrance qu’à son âge « les veines de leurs bras soient devenues si bleues ». « Je suis seul, répéta-t-il, mais ce costume conserve toutes les vies honteusement volées à Oranienburg et ailleurs au nom d’une religion, d’un engagement politique, d’un choix philosophique, d’une orientation sexuelle, d’un mode de vie ». De conclure avec force : « Je suis seul, mais nous sommes une large majorité à savoir à Hirson que le sang sèche vite en entrant dans l’Histoire et que les fours crématoires ne seront jamais un détail de l’Histoire ».