JUSQUE DEMAIN, GILBERT ARDUIN, TEL UN FANTÔME AMUSÉ DANS SA GALERIE DU CHÂTEAU.
Il y eu le peintre avec ses bouquets des années 70, véritables marques de fabrique de l'artiste, quelques marines, les natures mortes du début, mais surtout, il y eu ses paysages thiérachiens, aussi solides que la brique et que ces granges qui, obstinément, refusent de toucher terre, sans doute parce qu'avec Gilbert Arduin, elles montaient jusqu'au ciel dont les gris appellent la lumière.
Il y eu bien évidemment l'homme avec, rappelé avec émotion par sa fille Marjorie, « sa gentillesse, son amour, sa franchise, toujours avec diplomatie, ses coups de gueule aussi, ses pulls et ses pantalons maculés de peinture et sa coiffure dans le vent ». Chacun est unique, mais indissociable de l'autre. Tellement Gilbert Arduin est entier. A prendre ou à laisser.
La rétrospective que la Ville d'Hirson lui consacre dans la galerie qui porte désormais son nom et bientôt sa signature constitue une tranche de vie. Le visiteur y découvrira les traces de son évolution picturale, mais tout autant mille et un souvenirs qui rattachent l'artiste à la Thiérache et aux Thiérachiens. Le 6 novembre 1997, Gilbert Arduin disparaissait et même si ce jour-là, comme l'a dit Joël Bagaïni, « notre ciel s'est obscurci », le peintre demeure au travers de son œuvre, mais également des artistes auxquels il a transmis sa passion.
Il est vrai que rien ne le laissait indifférent. En évoquant sa mémoire, sa fille notait qu'il « n'aimait pas l'injustice, ni les gens qui vont à l'église le dimanche, mais qui n'aiment pas leur prochain ». Gilbert Arduin avait besoin de partager avec ses proches, sa famille et ses amis, notamment sur les sujets qui lui tenaient à cœur. Les souvenirs comblent aujourd'hui une partie du vide.
Ce peintre d'atmosphère, comme il aimait parfois se définir, et de caractère ne peut mourir. Quelque part, tel un fantôme amusé, il est forcément présent dans un coin de sa galerie du château.